Le Monde 02.03.09 : dialogue politique au point mort

A Madagascar, le dialogue politique est au point mort
Le Monde du 02.03.09  - Antananarivo, envoyé spécial
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2009/03/02/a-madagascar-le-dialogue-politique-est-au-point-mort_1161940_3212.html

La sortie de crise semble plus éloignée que jamais sur la Grande Ile.
Andry Rajoelina, chef de file de l’opposition au président Marc
Ravalomanana, a appelé à la grève générale dans tout le pays à partir
du lundi 2 mars alors que le dialogue entre les deux camps est au
point mort.

Devant quelques milliers de partisans, samedi à Antananarivo, le maire
destitué de la capitale, avait exhorté la population à arrêter le
travail. “Nous ne cesserons pas de manifester tant que nous n’aurons
pas mis fin à cette dictature”, avait ajouté l’opposant de 34 ans, à
peine visible sur l’estrade derrière ses gardes du corps.

Organisées par les Eglises, les rencontres en tête-à-tête la semaine
dernière entre M. Ravalomanana et M. Rajoelina avaient suscité
l’espoir de la population. Mais le dialogue a été brutalement stoppé
mercredi, lorsque le président a choisi de ne pas se rendre à une
nouvelle rencontre.

La méfiance extrême entre les deux camps complique la tâche de
l’émissaire spécial de l’ONU, Haile Menkerios, de retour à Madagascar
jeudi pour relancer les pourparlers. Les deux dirigeants politiques
lui ont redit leur volonté de discuter mais aucun ne semble prêt à des
concessions.

D’un côté, Andry Rajoelina, président autoproclamé d’une “Haute
Autorité de transition”, répète que la démission de Marc Ravalomanana
est une exigence non négociable. De l’autre, le président malgache,
réélu en 2006, met en avant la légalité de son pouvoir.

DIFFICULTÉS QUOTIDIENNES

Le chef de l’Etat semble miser sur un essoufflement de la
mobilisation. La foule présente samedi sur la place du 13-Mai était
moins nombreuse qu’il y a un mois, et les précédents appels à la grève
générale n’ont guère été suivis.

Après avoir fait preuve d’attentisme au début du conflit, M.
Ravalomanana manie de nouveau le bâton. Dotées d’équipements neufs,
les forces de l’ordre sont davantage visibles dans les rues de la
capitale.

Pour insuffler un nouvel élan à son mouvement, M. Rajoelina compte sur
les provinces. “La contestation est en train de se répandre dans tout
le pays, vous allez voir !”, a-t-il assuré au Monde en s’appuyant sur
les résultats de sondages commandés dans les principales agglomérations.

Dans le sud de l’île, à Fianarantsoa, deux personnes ont été tuées
vendredi. Elles s’ajoutent à la centaine de victimes depuis le début
du conflit. Mais tenues avec poigne par le régime, les régions sont
restées jusqu’à présent relativement à l’écart.

Minée par la pauvreté, la majorité des Malgaches semble souhaiter un
changement de gouvernance mais, pour l’heure, cette guerre des chefs
n’a fait qu’accroître les difficultés quotidiennes de la population.

Sébastien Hervieu

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