Ouest France du 29.05.09 : Décision de justice favorable à la famille adoptive

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDetFdj_-La-famille-adoptive-l-emporte-sur-le-pere_39382-950322_actu.Htm


Informé tardivement de sa paternité, Julien Charnolé se bat depuis des mois pour retrouver la petite née au Mans en août 2006.

La justice a tranché. Julien Charnolé, qui avait découvert sa paternité seize mois après la naissance,n’a aucun droit sur l’enfant. Il est révolté. L’avocat des adoptants répond.

Droit du sang contre adoption. Le tribunal de Montargis a choisi, hier, la seconde option. Il a prononcé l’adoption plénière d’une petite fille par un couple du Loiret. L’enfant, qui aura 3 ans en août, vit dans cette famille depuis l’âge de quatre mois.

À sa naissance, au Mans, sa mère ne voulait pas la garder. C’était, disait-elle, une enfant du viol. La justice a fini par démonter ce mensonge. Le père était Julien Charnolé, l’ex-compagnon de la mère. Il ne l’a appris, éberlué, que seize mois après la naissance, lorsqu’un juge d’instruction lui a montré les tests ADN.

Depuis, il se bat pour récupérer l’enfant (OF du 23 mai). Le jugement d’hier coupe tout espoir. Même celui de pouvoir découvrir, enfin, cette petite fille. L’ingénieur de 28 ans est désespéré, révolté : « Quelle faute un père peut-il avoir commis pour subir ça ? »

L’intérêt de l’enfant ?

Aucune. Simplement, l’article 352 du Code civil donne la priorité aux familles adoptantes. La loi protège ainsi les enfants de la versatilité des géniteurs, un coup je t’abandonne, un coup je te reprends… Mais le code n’avait pas prévu le cas Charnolé.

Et la petite ? Que pensera-t-elle en apprenant la vérité, à 18 ans, comme le prévoit la loi ? « Elle la saura bien avant, tempère Me Lemaignan. On n’est plus au XIXesiècle ! Elle sait déjà qu’elle est adoptée. Mais l’intérêt d’une enfant de 3 ans n’est pas d’être séparée de sa famille. Un pédopsychiatre est intervenu dans ce sens au tribunal. »

« Alors pourquoi cette adoption plénière, en bloc, se désole Julien Charnolé. Une adoption simple aurait permis de composer… » Apparemment, pour la partie adverse, ces perches tendues sont arrivées trop tard.

Le tribunal n’aurait-il pu, malgré tout, chercher une solution d’apaisement ? « Vous êtes idéaliste, répond l’avocat des parents adoptifs. Comment faire un jugement de Salomon qui coupe en deux une enfant de 3 ans ? La solution viendra avec le temps. » En attendant, Julien Charnolé va faire appel.

François CHRÉTIEN.

Comments are closed.