1. SOS enfants abandonnés

22 mars 2006 : Quatre articles de l’Express de Madagascar, sur les enfants abandonnés, notamment à la sauvette

Voir l’original dans l’Express de Madagascar

1. SOS enfants abandonnés - Le recours à la loi trop souvent négligé

Le meilleur refuge pour les enfants reste le foyer familial.

Bien que qualifié de crime et assujetti au code pénal, l’abandon d’enfants se banalise ces derniers temps. Les statistiques, émanant de la police de mœurs et des mineurs, font état d’un enfant délaissé au cours de février. Ce n’est qu’un exemple, car la situation qui prévaut devient de plus en plus inquiétante.

“La pratique enfreint la Convention internationale sur les droits de l’enfant, à laquelle Madagascar a adhéré depuis 1990”, affirme Augustin Rasolofonjatovo, chef du service des réformes législatives auprès du ministère de la Population, de la protection sociale et des loisirs (MPPSL). Les enfants doivent être protégés et la responsabilité relève en premier lieu des parents. Si ceux-ci abandonnent son gosse de façon délibérée, la peine sera très sévère.

A Madagascar, à l’origine de ce crime est la hantise de devenir mère célibataire. Des jeunes filles choisissent la solution de facilité pour éviter le blâme de la société. Vient ensuite le problème de survie, ne permettant pas de prendre en charge la progéniture. Et enfin, la coutume interdit la prise en charge des jumeaux. C’est ainsi le cas chez les Antambahoaka dans la région de Vatovavy-Fitovinany. A entendre Augustin Rasolofonjatovo, “ces mobiles nous amènent à affirmer que le problème apparaît de plus en plus compliqué. La société, dans sa totalité, prend un rôle important”.

Toutefois, la mobilisation de toutes les entités exige une structure bien ordonnée. Dans ce sens, le MPPSL s’attelle actuellement à la mise en place d’un “Réseau multisectoriel des droits et protection de l’Enfant “. Les six chefs-lieux de province en disposent déjà. Pour cette année, l’implantation se fera dans de grandes villes du pays comme Hell-Ville, Antsirabe, Tolagnaro et Sainte-Marie. L’objectif consiste à garder les enfants auprès de leurs parents. Car c’est parmi ceux-ci qu’existe le milieu idéal pour leur épanouissement. Le réseau regroupe toutes les entités impliquées dans la protection de l’enfant, entre autres les ministères chargés respectivement de la Population et de la Sécurité publique . Il s’occupe d’abord de l’identification des enfants en danger. En général, cette tâche est confiée à des ONG. Suit le signalement de l’existence d’enfant victime de violence, comme l’acte d’abandon. Alerter l’autorité compétente, administrative ou judiciaire, constitue la première démarche attendue de la part de la population, et ce dès qu’un cas enfreignant les droits de l’enfant se produit. “C’est pourquoi, le ministère de la Population compte équiper tous les fokontany de fiches de signalement”, annonce le chef de service. “Le déclarant ne sera pas forcément tenu comme témoin”. Seules les autorités administratives et judiciaires qui sont habilitées à prendre des mesures pour protéger la victime. Dans le cas d’un enfant abandonné, elles fixeront l’endroit où il faudra le placer. Dans ce sens, l’insuffisance, voire l’inexistence de centre d’accueil, constitue un handicap. A Antananarivo, seul le centre d’accueil d’urgence du bureau d’hygiène et social de la Commune urbaine, à Isotry, s’occupe des enfants abandonnés. L’adoption en dernier recours. L’hébergement des enfants dans ce centre doit se faire par une réquisition faite par la police ou par une ordonnance délivrée par le Tribunal des enfants. C’est une procédure d’urgence, parce que la durée réglementaire de détention de l’enfant dans ce centre est limitée à 15 jours. Il s’agit, en effet, d’une mesure préventive pour la protection de la victime.

Pendant ce temps, outre l’ouverture d’enquêtes, les autorités sont tenues de trouver une solution alternative. “Puisque le premier souci de la protection des droits de l’enfant consiste à le rendre à ses parents, la convocation de ces derniers constitue la priorité”, affirme Augustin Rasolofonjatovo. Si cette mesure est jugée convenable, il faudra l’accompagner par d’autres dispositions. Dans la pratique, faire appel à une assistante sociale assure la réhabilitation de la famille. Dans le cas contraire, la loi sur l’adoption recommande le recours à la famille élargie, avant de céder l’enfant à de tiers. Toutefois, les autorités compétentes continuent à réhabiliter le foyer d’origine de la victime. C’est toujours dans le souci de la remettre à ses parents. Compte tenu du processus, l’adoption d’un enfant abandonné ne s’exécute qu’à partir d’une décision judiciaire. La protection des droits de l’enfant oblige les autorités à faire le nécessaire pour la réintégration dans le giron parental.

Teholy Martin & Fanja Saholiarisoa.

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