31 mars 2006 : Deux articles de la presse Malgache, sur le travail des enfants et sur l’abandon

1. Le travail des enfants

Adultes malgré eux

Selon les chiffres de l’Instat, la proportion des enfants dans la population active est loin d’être négligeable à Madagascar soit de l’ordre de 10 %. Pour la tranche d’âge de 6 à 14 ans, ce taux atteint les 20 %. Les enfants qui ont recours à cette intégration précoce dans le monde du travail appartiennent surtout à des familles en situation précaire, démunies. Afin de contribuer à la survie du foyer, certains ont choisi de mendier, d’autres ont carrément quitter leurs parents pour travailler comme ménagère ou aident tout simplement leurs parents dans leurs activités quotidiennes.

« Eh ! nous ne sommes pas en train de jouer , on travaille !» Mort, divorce des parents, chèreté de la vie sont autant de facteurs qui ont favorisé la pauvreté au sein des ménages. Devant ce fait, nul ne peut rester les bras croisés car on ne peut que survivre. Dès leur jeune âge, conscients de la faim qui les dévorent, les enfants sont obligés de faire face à la vie. Que faire pour avoir de l’argent ? Que faire pour se nourrir ? Ce sont les questions principales qu’ils se posent quotidiennement. Certes, leurs droits ont été revendiqués et des initiatives ont été menées. Mais devant la situation dans laquelle ils vivent , tout ceci ne semble être que du baratin. Devant la dureté de la vie, les parents sont obligés de faire travailler leurs enfants et devant la misère des parents, les « patrons » et responsables des sociétés ne peuvent qu’accepter leurs supplications. Le goût de l’argent se fait sentir Mr Elie, responsable de la carrière située à proximité de Vontovorona explique : « Nous sommes dans une situation assez complexe. La première fois où les parents ont emmené leurs enfants ici, nous leur avons expliqué que ce qu’ils font pourrait nous créer des problèmes car il est formellement interdit de faire travailler des enfants mineurs. Et voilà que leurs reproches nous tombent sur la tête, comme quoi ce ne sont pas nous qui allaient nourrir les enfants. Et, comme vous le voyez, ils sont là , accompagnant leurs parents ».

Lors de cet entretien, une des mères de famille était bel et bien sur les lieux, c’était une occasion de confirmer les propos du responsable. Elle a expliqué que ses enfants viennent avec elle à la carrière à chaque fois qu’ils n’ont pas classe. « Ecoutez ! » dit- elle « je viens ici tous les jours vers 7 à 8 heures du matin pour ne rentrer qu’à 18 heures le soir, je ne vois pas en quoi il y a de mal si mes enfants viennent m’aider puisqu’ils n’ont pas classe. Que pourraient -ils bien faire à la maison ? ». Cette mère gagne environ 2000 ariary par jour en cassant des gravillons et des gravinets. Pour récompense, elle offre 200 à 300 ariary pour son enfant. Une récompense que ce dernier reçoit à coeur ouvert. « J’aime bien rester au village et pratiquer l’agriculture avec mon père car c’est moins fatigant mais le problème, c’est qu’ il n’y a pas d’argent la-bàs. Je préfère venir ici avec ma mère ».

« Pour moi l’école, c’est ici. C’est ici que j’apprends la vie ». L’école, c’est quoi ? Cette réaction n’a pas été observée uniquement chez cette enfant qui accompagne sa maman. Kiel, Mita et Ponina , âgés de 13, 10 et 5 ans, sont trois frères orphelins. Ils habitent avec leur soeur aînée et son mari à Anjomakely. Chaque jour, ils viennent à Mahamasimana devant le stationnement des taxi-be, par l’intermédiaire de la coopérative « Tsy Ferana » pour mendier de l’argent aux passagers. Si certains enfants sortent de chez eux le matin pour aller à l’école, eux ils partent sur les lieux. Ils y arrivent vers 8 heures du matin pour ne rentrer qu’à 16 heures du soir et cela durant les sept jours de la semaine sans exception sauf pour le petit de 5 ans. « On ne peut pas aller à l’école, on doit tout d’abord trouver quelque chose à manger ». Effectivement, ces petits mômes gagnent 1000 à 2000 ariary par jour qu’ils doivent verser à leur soeur une fois rentrés du boulot, pour s’acheter le repas du soir . Et voilà, la journée est finie. Demain sera un nouveau jour, mais le scénario reste le même. Regarder vers l’avant. Heureusement que les exceptions existent. Mamitiana est un jeune garçon de 16 ans. Il habite à Anosibe mais chaque jour il se déplace à Ambohijatovo pour vendre des porte-clés à 1000 ariary aux automobilistes et passagers qui sont coincés dans les embouteillages interminables. Pour démarrer son activité, il avait emprunté 6000 ariaryà son beau-frère pour acheter des marchandises à Behoririka. Après l’avoir remboursé complètement, il en devient le propriétaire exclusif. « Je peux avoir un bénéfice de 2000 à 4000 ariary par jour mais il arrive dès fois où je rentre bredouille. Cependant, il faut que je donne quotidiennement 500 ariary à ma mère pour mon repas du soir. Le matin comme à midi, je mange auprès des gargotes où les tarifs sont abordables. J’économise le reste pour acheter des volailles que j’élèverai à la campagne ».

Histoire de préparer l’avenir.

Madagascar Tribune

2. Un abandon de nouveau-né

Voir l’original dans l’Express de Madagascar

Manakara - Un nouveau-né abandonné au bord d’une rivière Manakara fut le théatre d’un abandon de nouveau-né.

Un bébé, d’à peine sept jours, a été trouvé au bord d’une rivière traversant la ville de Manakara, jeudi 23 mars dernier vers midi. Apparemment, sa mère l’a abandonné à cet endroit. Ce sont des enfants, jouant aux alentours, qui ont entendu des cris et sont venus voir ce qui se passait. Ils ont alors découvert que les gémissements étaient ceux d’un nouveau-né. Ils ont immédiatement avisé le fokonolona. Celui-ci a pris les choses en main. Le bébé est directement emmené à l’hôpital de Manakara pour des examens médicaux et pour des soins éventuels. Ses jours ne sont pas, heureusement, en danger, pour ne pas dire qu’il se porte comme un charme. En attendant la suite des enquêtes de rigueur, le nouveau-né est confié à une mère de famille bienveillante.

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